A en croire une Lettre adressée publiquement au Président de la République écrite par le Syndicat des inspecteurs d’Etat ayant l’allure d’une « Lettre ouverte », en date du 30 novembre 2021, il paraît que le courant ne passe pas entre le Corps des Inspecteurs d’Etat et la Présidence, plus précisément avec le Chef de l’Etat qui est le supérieur hiérarchique direct de ce Corps de grands commis de l’Etat. En effet, le service de l’Inspection d’Etat est rattaché directement au Président de la République. A notre modeste connaissance, la Présidence n’a pas encore donné suite à ladite Lettre sauf si la rencontre a déjà eu lieu discrètement ou confidentiellement, ce qui paraît improbable.
A travers cette Lettre, le Syndicat des inspecteurs d’Etat fait part de ses inquiétudes à son patron direct, ses soucis dans l’exercice de ses fonctions. Les inspecteurs présentent leurs excuses au Chef de l’Etat par le fait qu’ils s’adressent à lui publiquement, par la voie de la presse, en raison de l’impossibilité de pouvoir le faire autrement à qui de droit. Toutes les tentatives sont vouées à l’échec. Paraît-il que l’entourage du maître des lieux fait obstruction à la rencontre de vive voix. Selon, le Syndicat, depuis dix ans au moins, il lui est pratiquement impossible d’avoir un contact direct avec son Chef.
L’histoire enregistre que la dislocation de la relation hiérarchique et professionnelle entre le locataire d’Iavoloha et les inspecteurs d’Etat ne date pas d’hier. Depuis l’avènement de la Deuxième République, ce Corps de métier au sein de l’Administration n’avait plus l’odeur de sainteté vis-à-vis de son Chef. Les inspecteurs d’Etat végètent entre les quatre murs de leurs bureaux sans qu’on fasse appel à leur service. Et la situation ne s’est jamais améliorée. Pire, du temps du régime Bleu de Rajaonarimampianina, on leur fit savoir publiquement qu’ils sont indésirables. Les rapports qu’ils établirent furent classés sans suite dans les tiroirs !
Inutile d’exposer, de long en large, le rôle crucial tenu par le Corps des inspecteurs et des contrôleurs d’Etat dans la mise en œuvre de la bonne gouvernance et la matérialisation de l’existence d’un Etat de droit ainsi que la lutte contre l’impunité dans l’Administration publique. Ce n’est point par pur caprice si les Institutions de Bretton Woods et les partenaires techniques et financiers dont l’Union européenne exigent, du moins en termes diplomatiques, et encouragent les tenants du pouvoir à engager efficacement la mise sur les rails de la bonne gouvernance et le respect de l’Etat de droit. D’ailleurs, ces deux repères de base font partie des points essentiels indissociables à la concrétisation du Velirano et par extension l’Initiative pour l’émergence de Madagasikara.
Ainsi, la volonté s’il en existe réellement de mettre sur la touche le Corps des inspecteurs relève du non-sens. Un régime qui se considère comme battant contre la corruption et toutes formes de délinquances financières ne doit en aucun cas méprendre ce Corps de contrôle ni le placer sur le banc des indésirables. Au contraire, les grands commis de l’Etat de l’Inspection générale (catégorie X) doivent jouir de l’estime qu’ils méritent et faire appel à leur compétence dans la lutte contre l’incurie qui mine la Caisse de l’Etat.